Il aura fallu moins de 3 ans à Xiaomi, fabricant chinois surtout connu pour ses smartphones et appareils connectés, pour étudier, concevoir, dessiner, puis industrialiser et fabriquer sa première voiture, 100 % électrique. Un temps record. Avec l’ambition, selon les dires de son fondateur et président Lei Jun, de devenir « une des 5 marques les plus importantes au monde », à l’horizon 2040. Rien que ça.

Et la SU7 (pour Speed Ultra, et 7 pour indiquer qu’elle s’attaque aux segments supérieurs des concurrents, BMW Série 7, Audi A7, etc.), la première représentante à 4 roues et un volant de l’entreprise, même si elle a été lancée très rapidement, est loin d’être bâclée, comme nous avons pu le constater en la découvrant. SI l’on devait vous la résumer dès maintenant, nous dirions qu’elle est un condensé des bonnes idées que l’on a pu voir chez tous les constructeurs. Et que le message est : « regardez ce que vous devriez tous faire. Nous, on le fait déjà ». Du pur jus de matière grise. Et pourtant, nous ne sommes spécialement pro-voitures chinoises..

Il s’agit d’une véritable voiture de geek, nous y reviendrons. Elle est emballée dans une carrosserie aux formes inspirées de la « goutte d’eau sur laquelle le vent souffle ». On peut sourire à l’évocation de cette formule marketing, mais il n’en reste pas moins que cette inspiration, tout comme celles retenues chez Porsche pour le profil, BYD pour l’arrière, voire McLaren pour les feux avant, donne au final un coefficient de pénétration dans l’air de 0,195, ce qui est proprement exceptionnel.

Les 11 caméras servant, en plus du LIDAR, à surveiller la route, le trafic, les autres usagers, et qui servent au parking assisté également sont réparties entre face avant, base des rétroviseurs, montants de portes, ailes avant, pare-brise, et face arrière.

Un ordinateur sur roues

En pénétrant dans l’habitacle, c’est le côté geek de chacun d’entre nous que réveillera la SU7. Ou pas. Mais à l’instar des modèles Tesla, l’informatique et toutes les fonctionnalités qu’elle permet est omniprésente. En mieux (ou pire !) encore. Cette Chinoise est en effet un véritable ordinateur sur roues. Ou un smartphone avec un volant, si vous préférez…

Pêle-mêle, citons le grand écran multimédia de 16,1 pouces, l’affichage tête-haute qui affiche des informations sur 56 pouces de diagonale, l’écran rotatif en face du conducteur qui apparaît à la mise de contact (7 pouces), les deux emplacements pour la charge par induction des smartphones, les sièges électriques et ventilés, les supports pour tablettes de la marque au dos des sièges, qui profiteront aux passagers. Ces tablettes permettent, comme celle à l’avant, de contrôler toutes les fonctionnalités de la voiture. Et ce sont au total 5 tablettes qui peuvent être appairées et servir d’extension d’écran.

La commande vocale permet de tout contrôler à la voix : téléphone, radio, navigation, climatisation, sièges, modes de conduite, vitres électriques, coffre, trappe de recharge. On peut bien sûr passer par l’écran pour cela. Sous celui-ci, on peut placer, en accessoire, une réglette avec des touches physiques pour accéder aux fonctions principales. On peut agrémenter l’écran de deux petits afficheurs ronds dans lesquelles on peut choisir les informations à consulter (vitesse, couple, accélérations en G, boussole, etc.).

Un espace à bord convenable, une qualité de finition carrément honnête

Les passagers arrière disposent de suffisamment de place pour les jambes. C’est un peu plus compliqué pour la tête dû au fait que le pavillon est bas et que les batteries situées sous le plancher prennent de la place. Mais ils bénéficient donc potentiellement de leur propre écran (c’est une option bien sûr) tout comme d’un logement à l’arrière de l’accoudoir central. Qui s’ouvre largement et profondément, et qui peut être soit réfrigéré, soit chauffé à 50 degrés.

Le volume de coffre est de 517 litres à l’arrière, auxquels il faut ajouter les 105 litres du coffre avant, pour un total de 622 litres, ce qui est confortable, mais moins bien qu’une Tesla Model 3 (682 litres en tout). Et la malle n’est pas très accessible du fait d’une ouverture étroite et basse.

Partout les plastiques sont moussés, ou pelliculés. Et les assemblages ne souffrent aucune critique. Le dessin, lui, est dans l’air du temps, assez épuré et très rectiligne. Pas d’originalité particulière mais rien qui choque. Et si neuf couleurs de carrosserie sont disponibles, ce sont quatre couleurs au choix que l’on peut sélectionner pour l’habitacle : blanc, noir, rouge (assez classique) et un plus original violet. Pour l’anecdote, toutes les couleurs de carrosserie sont gratuites, sauf le blanc et le noir, le patron de Xiaomi considérant qu’il « faudra payer pour son manque d’originalité ».

Une partie technique elle aussi de haut niveau

Poursuivons avec les caractéristiques techniques. Car à l’instar de l’électronique de pointe, moteurs et batteries présentent également des caractéristiques haut de gamme. La SU7 est proposée en chine avec deux puissances et deux capacités de batterie. Les moteurs ont été entièrement développés en interne et portent les petits noms (paradoxaux) de Hyperengine V6 et V8…

La version de base propose 220 kW soit 299 ch, 400 Nm de couple, un 0 à 100 km/h en 5,28 s. et une autonomie de 668 km (selon le protocole chinois d’homologation CLTC, plus optimiste que le WLTP) grâce à une batterie de 73,6 kWh intégrée à la caisse de l’auto, dont seules les cellules sont fournies par BYD.

La version SU7 Max adjoint un second moteur sur l’essieu avant, pour 495 kW de puissance cumulée, soit 673 ch, et 828 Nm de couple. Le 0 à 100 est annoncé en 2,78 secondes, le 0 à 200 en 10,67 s. et les reprises de 80 à 120 km/h en 1,61 s. La vitesse de pointe annoncée est de 265 km/h. Xiaomi fait donc comme Tesla, et ne bride pas à des vitesses faibles ses modèles, comme les autres constructeurs. En tout cas, ça commence à décoiffer sérieusement.

La batterie est dans cette version une 101 kWh de capacité (cellules CATL), qui offre une autonomie CLTC de 810 km. Mais surtout, son architecture 871 volts permet une recharge ultrarapide, jusqu’à 475 kW en pic, ce qui permettrait de récupérer 220 km d’autonomie en 5 minutes, et 510 km en 15 minutes.

Des prix très bas en Chine

C’est le moment où vous vous dites que cette auto, avec toutes ses caractéristiques de pointe, coûte un bras, voire deux… Eh bien ce n’est même pas le cas. En chine, la version de base se vend l’équivalent de 27 650 €, soit moins cher que la moins chère des Tesla là-bas (la Model 3 Propulsion, 31 500 €) ! La SU7 Max se vend l’équivalent de 38 400 €. Ce n’est même pas le prix d’une Peugeot E-308 bien équipée de 156 ch… Rappelons tout de même qu’en Chine, les VE sont largement subventionnés par l’État, ce qui a justement conduit l’Union Européenne à répliquer avec une hausse substantielle des droits de douane sur les voitures chinoises. De plus, de l’aveu même de Xiaomi, ils ne gagneront pas d’argent avec cette voiture, le but est plutôt de s’installer dans le paysage.

Il est clair que lors d’une éventuelle arrivée sur le marché français, les prix seraient donc bien plus importants. Et l’on dit bien « éventuelle ». Car nous qui pensions voir arriver rapidement cette SU7, sommes contredits par le président de Xiaomi. Il souhaite en effet d’abord satisfaire un marché chinois qui a déjà commandé plus de 100 000 exemplaires de cette nouveauté. Même si une SU7 sort de l’usine qui la fabrique toutes les 76 secondes, cela ne permet pas de couvrir la demande partout dans le monde.

Alors il faudra attendre. Lors de cette présentation, les communicants de la marque se sont montrés prudents. Il n’a pas été dit que l’auto n’arriverait pas sur notre marché. Mais il a été dit que ce ne serait peut-être pas avant 3 ou 4 ans, le temps de monter aussi une logistique et un réseau de distribution. Et qu’il n’était pas impossible qu’un autre modèle puisse arriver avant. Pourquoi pas un futur SUV, dont les européens sont plus friands ?